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HOLY GOSSIP
2 février 2022

[IG repost] Je regarde "And Just Like That..." chaque jeudi que Dieu fait

sarah-jessica-parkerSarah Jessica Parker sur le tournage d'And Just Like That... en juillet 2021.

Le nom de Sarah Jessica Parker sera à jamais associé à celui de Carrie Bradshaw, héroïne d'une des séries les plus mythiques de l'histoire du petit écran : Sex and the City. La série qui a ouvert le bal d'une représentation plus libérée des femmes, notamment de leur sexualité, et qui a fait des petits : Desperate Housewives bien sûr, mais aussi Girls plus tardivement ou récemment, Plan cœur en France. Plus de 20 ans après, la série a quelque peu pris un coup de vieux. Cependant elle reste importante grâce au tournant qu'elle a marqué. Grâce à des portraits de femmes qui ne se résument plus entièrement à la quête de l'amour, un dialogue ouvert et libres sur la sexualité féminine par les principales intéressées. SJP en est devenue une icône de mode atypique (souvent moquée sur Internet, cf : les fameux memes avec la tête de cheval), parce que SATC c'était aussi un genre de défilé de mode au cœur de la vie quotidienne. Un aspect qui a aussi fait la réputation de la série et que les versions sur grand écran ont exacerbé jusqu'à en devenir grotesque. En effet, avec SATC on a rapidement eu tendance à presser le citron jusqu'à la dernière goutte. Certes, aujourd'hui la tendance est au recyclage : Disney sort des copiés-collés en prises de vue réelle de ces dessins animés cultes, d'anciennes sagas se voient allongées. Comme Matrix tout récemment, et incessamment sous peu, même Top Gun y aura droit. Toutefois SATC s'était prêté au jeu il y a maintenant plus de dix ans en sortant dans les salles obscures, un film dont l'intrigue se situait peu de temps après la fin de la série. Ça n'était ni indispensable ni magistral, mais pour l'avoir revu tout récemment, il se laisse apprécier en guise de célébration de la série et d’épisode final sur grand format, bien qu'il soit très girly au point de tomber dans la caricature par moments. La série a même eu droit à son préquel, The Carrie Diaries, avec d'autres acteurs, écourté au bout de deux saisons n’ayant pas rencontré le succès escompté.

sex-and-the-citySex and the City 2 (2010)

En 2010, SATC remettait ça au cinéma, avec un film qui est sans doute l'une des plus grosses caricatures qui s'ignorent qu'il m'ait été donné de voir. Tout n'est qu'exagération et la nuance n'existe presque plus. C'est un peu comme si Barbie était sous LSD en étant persuadée de ne pas être sous l'influence de cette substance dans cette suite qui emmène le célèbre quatuor au Moyen-Orient, pour un voyage au luxe dégoulinant. Étonnamment, c'est l'un de mes plus gros plaisirs coupables, c'est tellement n'importe quoi que ça en devient jubilatoire. Toutefois la représentation des musulmans y est tellement maladroite et manichéenne que c'en est irrespectueux et malaisant. Certaines scènes illustrent à merveille la déconnexion de ce film avec le commun des mortels : les quatre New-Yorkaises qui sont devenues des parodies d'elles-mêmes en tenues de créateurs en vue d'aller faire une balade en chameaux, ou encore cette scène où Charlotte perd son sang-froid après que sa fille ait tâché sa jupe haute couture alors qu'elle faisait la cuisine. QUI en ce bas monde fait la cuisine dans une robe de créateur hors de prix ? Qui ?!

Voici-la-fausse-scene-de-And-Just-Like-That-queAnd Just Like That... (2021)

À l'aube du passage aux années 2020 et son épidémie mondiale, un troisième film a failli voir le jour. Pour conclure une bonne fois pour toutes l’histoire de ces quatre américaines qui nous est contée depuis près d’une génération. A la dernière minute, alors que le tournage était à deux doigts d'être lancé, tout est tombé à l'eau suite aux projets de Kim Cattrall. En guise de substitut, la franchise revient à son format d'origine : la série, et s'appelle désormais And Just Like That.... K. Cattrall, interprète de Samantha a quitté le navire. À cause d'un clash avec SJP qu'elle ne peut plus voir en peinture et qui fait les choux gras de la presse. Mais également parce que l'actrice a estimé que l'interprétation de ce personnage appartenait désormais au passé et qu'elle en avait fait le tour. Le casting dans cette suite, et non pas ce reboot comme on l'a beaucoup lu, est une sous-intrigue à elle seule. Chris Noth (Mr. Big) est finalement privé de plusieurs scènes coupées au montage, après les accusations d'agression sexuelle dont il fait l'objet. Le regretté Willie Garson (Stanford) nous a quittes au cours du tournage mais ses scènes ont été conservées. Il reste présent dans cette suite même si forcément, les scénaristes ont dû adapter l'intrigue tant bien que mal pour justifier son départ prématuré...

sex_and_the_city_9150Sex and the City (1998-2004)

À ma grande surprise, l'absence de Samantha ne se fait pas tant ressentir que ça. Ce qui est très étonnant dans la mesure où elle était certainement la plus appréciée du public parmi le quatuor. Une partie du comique de la série reposait largement sur elle et son personnage était le plus subversif : une femme qui adore le sexe à un point incommensurable et qui l'assume à 2000%, comme l'entièreté de sa personnalité de façon plus générale. C'était révolutionnaire pour l'époque. Retirer un personnage aussi central est très rare, ce serait comme faire une suite à Desperate Housewives sans Gaby. Même si nous avons droit à plusieurs clins d'œil à son personnage et qu'il est un tantinet remplacé par Seema (Sarita Choudhury), cette absence permet de mettre en avant une réalité qu'on a tendance à oublier, quand l'amitié de longue durée est aussi sublimée et idéalisée : la rupture amicale. Le clash entre Parker et Cattrall dans la vie réelle permet cette prise de parti scénaristique peu commune et louable, bien que l'explication choisie pour justifier le départ de Samantha est bien trop maigre à mon sens. D'autant plus quand il s'agit de personnages dont l'amitié de longue durée a été magnifiée pendant si longtemps, bien qu’elle ait eu ses failles et c'est aussi ce qui l'a rendue crédible. En parlant de références, elles sont aussi présentes par le biais du retour d’anciens personnages de la série, comme Natasha par exemple, ou certaines tenues portées par Carrie. Les vrais savent.

Comme a pu l’écrire Télérama : « la suite de Sex and the City court après son époque ». Certes, toutefois ses intentions sont louables dans la mesure où elle aurait très bien pu réchauffer une caricature involontaire d’elle-même comme l’illustre très bien la deuxième portée sur grand écran de la série. Elle a au moins le mérite de tenter de se mettre à la page, maladroitement parfois, je l’accorde. Toutefois elle reste dans l’archaïsme quand on retrouve Mario Cantone (Anthony), plongeant à nouveau dans la caricature de l’homosexuel. Pour sa défense, son personnage a-t-il jamais été autre chose ? Néanmoins, cette suite aurait pu être l’occasion de lui donner plus de relief.Ici le conte new-yorkais est délaissé pour nous rappeler une nouvelle fois, au cas où l’on aurait oublié, que non, la vie, c’est pas Walt Disney. A ce propos And Just Like That... fait une entrée en matière poignante SPOILER en retirant Big à Carrie, l’amour de sa vie, et ce dès le premier épisode. Ce qui aurait dû arriver de toute façon dans le troisième film avorté offre une scène où on salue la justesse du jeu d’acteur, même chez SJP qui a tendance à surjouer – à sa décharge, elle vient de Broadway. Auparavant, Carrie en revenait toujours à cet indécrottable happy-end avec Big malgré les péripéties maritales. Ici elle est rattrapée par la violence de l'existence, (et on ne peut que s'y retrouver), puisqu'on en fait une veuve FIN DU SPOILER. Ainsi les célèbres new-yorkaises formant désormais un trio font un pas de plus vers notre réalité, ce qui nous permet de nous y identifier davantage. La série d’origine a tiré sa révérence en 2004, depuis la société a considérablement évolué, et ce même depuis le passage de la franchise par la case « cinéma ». And Just Like That... tente des approches à sa façon, puisqu’aujourd’hui, on n’aborde plus toujours le racisme comme autrefois, tout comme les questions identitaires autour du genre, et bien sûr « last but not least » : la condition des femmes (qui avait déjà un rôle des plus considérables dans la série-mère) notamment après un chapitre historique, et quel chapitre ! Le fameux épisode #MeToo.

sex-and-the-city-5-1200x895Sex and the City, le film (2008)

And Just Like That... compte ainsi deux personnages non-binaires à bord : Che, personnalité de stand-up à succès ayant son propre podcast ou encore l’un des deux bébés de Charlotte, ce qui permet une confrontation de la plus conservatrice de la bande (qui rappelle désormais une certaine Bree Van De Kamp), emmenée ailleurs que dans ses carcans et croyances par amour pour son enfant. On tente également des illustrations de la lutte anti-raciste actuelle : on parle par exemple à juste titre, du fameux complexe du sauveur blanc. Il est vrai que les auteurs n’ont pas toujours l’air très fins et qu’on a tantôt l’impression qu’ils voudraient nous secouer comme des poiriers en scandant : « On est woke !!! Vous avez vu ça ?! On pourra pas dire qu’on ne l’est pas hein !!! ».

E8nKQ2RX0Akyu-JSarah Jessica Parker, de nouveau sur le tournage d'And Just Like That..., durant l'été 2021.

Miranda, qui a troqué son iconique rousseur contre un gris clinquant, était la désabusée du groupe au sarcasme croustillant. C'est sans doute le personnage qui a l’évolution la plus marquée. SPOILER Depuis sa rencontre avec Che (Sara Ramirez), elle est presque devenue fleur-bleue, elle fait même référence aux classiques de Meg Ryan. « C’est grave, Docteur ? ». En quelques années, on peut changer du tout au tout, croyez-en mon expérience. D’autant plus quand on sait que la dernière fois que SATC nous a raconté une histoire c’était en 2010 et que l’action de cette suite prend place après l’épidémie de Covid-19 (le rêve) – à ce propos le premier épisode ne tarit pas de vannes à ce sujet, « Tu te souviens quand on devait se tenir éloignés les uns des autres ? ». Sa nouvelle relation marque logiquement la fin de son mariage avec le Steve national dont la surdité n’est pas une exagération scénaristique du vieillissement mais une adaptation du script à l’handicap de son interprète – pour une fois que les scénaristes n’insistent pas sur les 55 balais des protagonistes au point qu’on ait l’impression qu’il s’agisse de retraités FIN DU SPOILER.

Charlotte est fidèle à elle-même, toujours un brin rigide mais mignonne à souhait. Alors oui, les médias font tout un foin autour du lifting de Kristin Davis mais j’ai vu bien pire en termes de chirurgie, elle ne ressemble pas encore à Joan Van Ark, bien qu’elle aurait pu s’en passer, elle qui était si belle. D’ailleurs, la chirurgie esthétique face au vieillissement est une question abordée par And Just Like That…. « Le réalité dépasse la fiction » comme on dit.

Samantha est presque magnifiée par sa disparition du casting : « A quoi bon revenir, j’étais déjà la plus subversive, j’ai fait ma part, non ? ». Carrie quant à elle, est fidèle à elle-même, toujours aussi auto-centrée mais tellement investie par son interprète, qui est la classe incarnée. J’ai lu qu’une seconde saison pourrait bel et bien voir le jour pour faire un pied de nez aux critiques des plus assassines sur la première. J’ai beau penser que tout ce qui a suivi la série d’origine est superflu car elle se suffisait à elle-même, j’éprouve une tendresse et un attachement particuliers envers ces personnages et leurs interprètes qui fait que même dans le trop-plein, je suis toujours au rendez-vous.

Lewis Kouassi

 

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