"Whitney Houston : I Wanna Dance With Somebody" : mon avis AVEC SPOILERS
Ça y est, je viens de voir I Wanna Dance With Somebody, ou plutôt Whitney Houston : I Wanna Dance With Somebody, puisqu’il vient d’être renommé pour des raisons marketing, le biopic consacré à celle qu’on surnommait « The Voice » : j’ai nommé Whitney Houston, bien évidemment. L’une des plus grandes chanteuses de l’Histoire, véritable athlète vocal aux interprétations habitées, légende du R&B, de la soul, du gospel ou encore de la pop. Pour moi Whitney Houston, c’est sacré ! À l’instar de Mariah Carey par exemple. C’est une chanteuse que j’adore inconditionnellement et qui fait partie de la bande-originale de mon quotidien depuis que je suis adolescent, voire même pré-adolescent. Cela faisait donc longtemps que je n’avais pas été à ce point impatient et enthousiaste à l’idée de voir un film. Ces dernières années, entre les remakes intempestifs et les suites particulièrement tardives (Top Gun : Maverick, Blade Runner 2049), les biopics ont eux aussi le vent en poupe. Après Elton John, Freddie Mercury ou encore Elvis Presley plus récemment, c’est désormais au tour de l’interprète d’I Will Always Love You de se prêter au jeu.
Whitney Houston et Bobby Brown à Los Angeles en septembre 1998, à l'occasion de la 50 ème cérémonie des Emmy Awards.
Pour l’incarner, le choix s’est porté sur l’étoile montante du Royaume-Uni, une certaine Naomi Ackie (Star Wars 9) dont la prestation dans I Wanna Dance With Somebody sera sans doute un rôle de percée. Comme l’avait été celui de Tina Turner pour Angela Bassett dans What’s Love Got To Do With It (Tina chez nous) il y a 30 ans. Ackie a travaillé d’arrache-pied pour se préparer au rôle, et ce pendant près de 7 mois, refusant toute proposition extérieure afin de se concentrer pleinement sur son interprétation de la diva. D’abord pour adopter l’accent du New Jersey dont était originaire Houston, mais aussi ses intonations, sa gestuelle et ses mimiques : un travail payant puisque les mois passés à étudier Nippy - comme ses proches la surnommaient - se ressentent à l’écran. Si Ackie n’est pas spécialement un sosie de Whitney Houston – elle ressemble davantage à Brandy par exemple, qui avait d’ailleurs donné la réplique à Houston dans La légende de Cendrillon pour l’anecdote – sa transformation n’en est pas moins saisissante, à travers les looks et coiffures iconiques mais surtout grâce à son talent. A fermer les yeux, on pourrait aisément imaginer Whitney tant Naomi Ackie a réussi à s’accaparer sa diction. Resteront en mémoire, la façon dont elle s’est appropriée les manières de Whitney Houston, à tel point qu’un plan m’a scotché, puisque j’ai cru apercevoir l’instant d’une seconde la véritable Whitney. Ackie chante également à plusieurs reprises dans le film, le plus souvent a capella, quand sa voix n’est pas mélangée à celle de Whitney Houston. Du côté des rôles secondaires, je retiens surtout Stanley Tucci en Clive Davis convaincant et en particulier Tamara Tunie. L’actrice campe avec brio le rôle de Cissy, la mère de Whitney elle-même chanteuse, dans cette famille qui compte plusieurs monuments : Aretha Franklin, Dionne Warwick... Sa transformation ainsi que son interprétation sont remarquables puisqu’elle arrive à retranscrire avec justesse l’oscillation entre tendresse maternelle et froideur de mentor, entraînant sa fille avec une rigueur militaire.
Comme l’a dit sa tête d’affiche, ce film est une lettre d’amour dédiée à Whitney Houston et tente d’offrir aux spectateurs une vue d’ensemble sur le vécu, la carrière et l’héritage de la diva. Ce qui n’est pas déplaisant quand on sait par exemple, que le téléfilm Whitney (Whitney Houston : Destin brisé en France) réalisé par Angela Bassett, l’ancienne amie et partenaire à l’écran de Houston (Où sont les hommes ?), s’arrêtait à Bodyguard. Le projet I Wanna Dance With Somebody a eu le luxe d’obtenir la bénédiction de la famille Houston ainsi que de Clive Davis, patron du label Arista Records, qui a accompagné Whitney de ses débuts jusqu’à sa fin tragique, et qui est également l’un des producteurs du long-métrage. Si le film se veut être plutôt complet sur le parcours de Whitney Houston, la chronologie demeure un brin confuse par moments : comme dans cette scène montrant une session d’enregistrement de la chanson Why Does It Hurt So Bad alors qu’on semble entrer dans la période de l’album My Love Is Your Love (mon préféré)qui est pourtant sorti quelques années plus tard. Idem quand il est question d’illustrer la tournée mondiale défendant My Love Is Your Love et que les scènes en question ressemblent bien plus au I’m Your Baby Tonight World Tour. Le biopic m’a également semblé un tantinet romancé puisqu’il prend le parti d’officialiser la relation entre Houston et son amie Robyn Crawford et de l’aborder comme un fait des plus avérés. Pourtant une part de mystère subsiste, les rumeurs au sujet de l’orientation sexuelle de Whitney Houston et de sa supposée bisexualité circulaient déjà de son vivant et ont notamment été ravivées à la fin des années 2010. Alors que son ex-mari, le chanteur Bobby Brown et Crawford elle-même ont tous les deux publié leurs mémoires, où ils ont tenu des propos visiblement sans appel sur la question, mais aussi suite à la sortie du documentaire Whitney : Can I Be Me ?. Sans doute ne sauront nous jamais quelle était la réelle nature des rapports entretenus par Robyn Crawford et Whitney Houston, puisque la principale intéressée n’est plus parmi nous pour en parler.
Whitney Houston au moment de son retour sur scène en septembre 2009, après des années d'absence, lors de l'émission Good Morning America.
Sans surprise, le film aborde inévitablement l’addiction aux drogues qui a tué la chanteuse et plus globalement sa déchéance (ses concerts ratés après sa tentative de come-back par exemple). Cependant il le fait de manière relativement subtil en essayant d’équilibrer les séquences qui traitent de ces questions par rapport à l’entièreté du long-métrage. La dernière partie du film est la plus émouvante de par sa poésie. En effet, la réalisatrice Kasi Lemmons choisit de mettre en scène les dernières heures de Whitney Houston alors qu’elle devait assister à une soirée précédant les Grammy Awards. Qu’il s’agisse d’un ajout fictif ou non, dans cette séquence Houston se met en tête de chanter à nouveau Home, issue de la comédie musicale The Wiz et qui est la chanson qu’elle a interprété lors de sa toute première apparition télévisée en 1983, lors de l’émission de Merv Griffin. Un hymne à l’endroit d’où l’on vient, en l’occurence une manière sous-entendue d’évoquer l’instant où Dieu a ramené Whitney, qui était particulièrement pieuse, près de lui. La scène finale invite le spectateur à se remémorer ce pour quoi on se souvient, et l’on se souviendra de Whitney Houston, en faisant un bond en 1994, aux American Music Awards, en offrant une reproduction d’un medley iconique. Vraie prouesse vocale puisqu’il faisait enchaîner à Whitney Houston trois chansons inchantables : I Loves You, Porgy, And I Am Telling You I'm Not Going et enfin le célèbre I Have Nothing. C’est lors de ce final que Naomi Ackie est le plus habitée par son rôle, et c’est assez sidérant, celle-ci est d’ores et déjà pressentie aux Oscars, on lui souhaite un trophée.
Lewis