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HOLY GOSSIP
2 mars 2018

[FOCUS] L'efféminement chez Disney : petit échantillon

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 Peter Pan 2 : Retour au Pays imaginaire (2002)

« Justement, les rôles travestis autrefois ? Supers ! Aujourd'hui ? Perturbants ! » scandait Jenna Elfman dans l'ambitieux Qui veut la peau de Roger Rabbit ? de la Warner, Les Looney Tunes passent à l'action au début des années 2000, dans un face-à-face avec un Bugs Bunny métamorphe et protéiforme, réincarnait en vampe aux airs de Marilyn le temps d'une impro : « D'habitude, c'est moi qui joue la femme fatale, trésor », lançait-il alors d'une voix suave. Si l'inversion de genre, du masculin au féminin a abondement nourri les saynètes du lapin bon pour le Marrakech du rire le plus célèbre au globe et ses confrères, le schéma inverse, notamment au sein du studio d'animation le plus couronné en Occident et son Mulan par exemple, livre un diptyque ascendant où d'un côté : la femme travestie est valorisée dans une véritable glorification nationale, et d'un autre, un trio cantonné au comic relief opte pour l'efféminement comme indéboulonnable instrument au burlesque.

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 Mulan (1998)

Là où Disney, en figure exemplaire de par son illustre sceau, ancré à travers une accumulation de décennies au sommet dans le paysage du dessin animé, a inscrit des nomenclatures narratives à l'instar de l'effrayante passivité féminine dont Blanche-Neige incarne une apologie, avant de soulageantes transgressions, usant de l'émergence d’héroïnes comme Raiponce ou Mérida dans Rebelle ; le mastodonte rongeur, dans son inépuisable propension à façonner, a aussi bien conditionné l'imaginaire collectif à une représentation de la femme en cruche au grand cœur, fragile et délicate, qu'à celle de mâles à la rescousse, tout aussi cis qu'hétéros, arborant belle gueule et anatomie alléchante, dans un clivage où la crédibilité de l'homme efféminé est peinte dans une volonté de susciter la perplexité.

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 Cendrillon (1950)

Quand il ne fait pas office d'antagoniste, il est confiné en bon faire-valoir arrachant quelques rires aux spectateurs à l'instar du grand-duc de Cendrillon et ses manières outrancières parfois ponctués de braillements anxieux dignes de La Cage aux folles avant l'heure ; lorsqu'il est affublé de ces manières précieuses, l'efféminé à la sauce Disney est souvent, davantage candidat au ridicule : qu'il s'agisse du Grimsby de La Petite Sirène à l'attitude sophistiquée discréditée pour les frais d'un gag aspergeant son visage de cendres au personnage du Capitaine Crochet atteignant des montagnes de ridicule dans Peter Pan et sa suite. Ainsi, Disney instrumentalise une clownerie propre à ces personnages arborant des caractéristiques dites « féminines » qui, quand elle n'invite pas à la moquerie, est l'instrument d'une sympathie visant à rendre aimable une figure aux desseins antipathiques.

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 La Princesse et la Grenouille (2009)

Si la peinture du risible sert une perte de charisme à coups par exemple, d'une disparition grotesque, tel est le sort réservé au Docteur Facilier dans La Princesse et la Grenouille – à la silhouette filiforme et aux longues mains baladeuses, comme le veut la tradition de la constitution de l'efféminé chez Disney -, elle est utilisée pour convaincre de l'amabilité d'un personnage aux ambitions condamnables : en somme, quand il n'amuse pas, l'efféminé Disney n'est pas admirable quand il est modelé à travers des critères renvoyant au genre assigné au sexe opposé. Chez Mickey, la protagoniste a longtemps été peinte comme une vulnérable sujette à la délivrance, là où son équivalent masculin malgré le port récurrent du moule-bite est crédibilisé par sa bravoure exacerbée dans une apologie caricaturale des rôles sexués.

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Il était une fois (2007)

En revanche, l'homme efféminé dans sa peinture disneyienne, quand il n'est pas décrit comme « méchant » dans le célèbre manichéisme de la firme usant par exemple des mimiques « gay-friendly » de l'Hadès d'Hercule dans une culture où l’efféminement de l'homme est très fréquemment relayé à une potentielle homosexualité ; il est bien souvent l'instrument suscitant le rire pour se faire une place dans le cœur du public, là où ses carences en virilité l'empêche de faire office de mentor.

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 Hercule (1997)

 

Lewis 

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