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HOLY GOSSIP
8 juin 2017

[INTERVIEW] Rencontre avec le peintre Maximilian Otte

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Au cours d’une énième épopée à dos de hashtags sur les dunes du réseau social aux couleurs agrumes a.k.a. Instagram, une météorite aussi scintillante qu’une boule disco a heurté mon crâne avant d’exploser en mille et une bulles pailletées arborant les reflets de poupées Barbie hollywoodiennes, figures de proue d’un Olympe édifié par un certain Maximilian Otte…

Merry-Go-Round (2014)

Merry-Go-Round, Maximilian Otte (2014)

À près de 39 ans, cet artiste peintre autrichien, diplômé de l’Académie des Beaux-arts en 2002, est le papa d’un univers riche en strass et en vedettes de toutes époques : de Tina Turner à l’indéboulonnable et immortelle Marilyn en passant par les plus actuelles Lana Del Rey ou Miley Cyrus pour ne citer qu’elles, mais surtout, où Pamela Anderson, inoubliable C.J. Parker du feuilleton culte Alerte à Malibu est omniprésente, à la manière d’un Mickey Mouse aux parcs Disney.

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En haut à gauche et encerclée : Pamela Anderson à l'époque d'Alerte à Malibu / en bas à gauche : la star sur le tournage de Baywatch : Alerte à Malibu (sortie le 21 juin en France) / à droite : Anderson à la première de Baywatch : Alerte à Malibu à Miami, en mai dernier

En Autriche, que ce soit au musée Leopold ou à la galerie Wolfgang Exner, Otte attire les foules, notamment de par son style rappelant de toutes évidences l’iconographie Pop art, mais également grâce à une technique spectaculaire, servie entres autres, par des aplats et dégradés d’une précision folle dignes d’un Fernand Léger en France : le tout dans un univers où les couleurs resplendissent tant qu’on croirait s’être noyé dans un océan de diamants, dans la penderie d’un Met Gala ou tout simplement celle de Barbie. Sur la planète Otte, le red carpet est quotidien, au cœur d’une ode à la femme hollywoodienne traversant les époques et ses visages emblématiques devenant des muses campant une inspiration visiblement inépuisable pour l’artiste : Pamela certes, Monroe et ses consœurs, quelques midinettes « made in 2010’s », mais aussi les icônes du cinéma et des sérénades pop/R&B des années 90. On relève Uma Thurman, Julia Roberts - qui d’ailleurs incarne le chat du Cheshire dans la version revisitée par Maximilian Otte, d’Alice au pays des merveilles, où le rôle-titre est sans surprise attribué à Pam Anderson dans cette adaptation qu’Otte orchestre à la manière d’un cinéaste -, la diva parmi les divas Mariah Carey, ou encore des icônes 00’s comme Britney Spears, le feuilleton de cette décennie  et Angelina Jolie au 7ème art.

Greetings from Cuba (2011)

Greetings from Cuba, Maximilian Otte (2011)

Amoureux du cinéma, de la musique pop et R&B, de l’iconographie hollywoodienne et du show-business et bien sûr de la représentation picturale en tout genre, cet univers à mi-chemin entre David LaChapelle et Pierre et Gilles était fait pour me plaire. C’est alors rapidement que j’ai songé à interroger ce fameux Maximilian Otte - amoureux comme moi d’un Sex and the City entre bien des références partagées -, sans grandes attentes quant à une réponse pour éviter une déception, cependant comme le veut le bon vieux dicton de grand-mère : « qui ne tente rien n’a rien ». C’est ainsi, que je me suis tout de même laissé tenter donc, en l’abordant sur Instagram en février dernier.

Take The Lot (2013)

Take The Lot, Maximilian Otte (2013)

 « Surprise ! », l’artiste me répondit rapidement avec grand enthousiasme, dans la soirée, avant que nous échangions brièvement sur son clinquant univers... Durant les mois qui suivront, ce sera silence radio de mon côté, assujetti aux révisions universitaires, rassurant néanmoins le bonhomme fin avril sur un non-abandon quant à cette interview qui aurait pu justifier ma discrétion : « Hi ! Just a little message to say I didn't forget you for the interview, I'm just a little overwhelmed with my exams at university » - message accompagné du smiley qui panique. À cela, Otte me répondit de nouveau sans tarder, me souhaitant même bonne chance pour mes partiels…

« Libéré, délivré » du joug universitaire, une interview par mail aura finalement eu lieu… Rencontre.

Bonjour Maximilian, quand j’ai découvert ton univers, en débarquant sur ton compte Instagram, ce qui m’a d’emblée frappé, outre ta patte scintillante et glamour à souhait, c’est la présence immanquable de Pamela Anderson, icône 90’s, qui semble véritablement être ton ultime muse : qu’est-ce qui te fascine autant chez elle ? Pourquoi paraît-t-elle représenter une telle source d’inspiration chez toi ? L’as-tu découverte comme beaucoup dans Alerte à Malibu dans les années 90 ?

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À gauche : Pamela Anderson dans Scary Movie 3 (2003) / La star lors de sa participation au Danse avec les stars américain en 2012

Bonjour, merci pour tes questions. J’ai toujours peint des célébrités, et pendant longtemps Madonna était la protagoniste de mes peintures. J’ai commencé à peindre Pamela Anderson après l’avoir vue dans Danse avec les stars. Bien sûr, je l’ai connue dans Alerte à Malibu, mais pendant sa participation à l’émission, elle a davantage dévoilé sa personnalité et s’est vraiment bien débrouillée je trouve. Personnellement j’ai l’impression que cette « bombe » qu’est Pamela Anderson est comme un personnage artificiel, fait de silicone, très maquillé, coiffé d’une crinière blonde, perchée sur des hauts talons et très peu vêtu. Comme une héroïne de comics. Et j’aime cela. Cela se marie bien à mon travail, où tout est artificiel, comme un gros monde de plastique. Elle semble être un parfait modèle pour moi dans mon rôle de « metteur en scène ».  

Parmi tes toiles, d’autres visages sont notamment récurrents, comme ceux de Sarah Jessica Parker, Liz Taylor ou encore Cameron Diaz. Les vedettes que tu choisis de peindre ont-elles une signification spécifique pour toi ? Si oui, pourquoi ?

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À gauche : Sarah Jessica Parker dans Happy New Year (2011) / à droite : le selfie de Liz Taylor avec Marilyn Monroe et Audrey Hepburn, dans la troisième toile de la série Walk of Fame d'Otte (2013)

Ces femmes suscitent chez moi, et nous tous, un certain effet. Je me positionne un peu comme un réalisateur dirigeant une scène en disant à ses acteurs quoi faire. Toutes ces femmes représentent quelque chose, comme Sarah Jessica Parker qui s’est faite un nom grâce au personnage de Carrie Bradshaw, campé dans Sex and the City. Les gens adorent son sens du style, pensant qu’elle est une sorte d’acheteuse compulsive de chaussures. Ou Liz Taylor, cette grande actrice qui était très belle et talentueuse, et qui a vécu entourée d’hommes et parée de diamants. J’aime jouer avec ces clichés.

Madonna t’a également beaucoup inspiré, puisque tu lui as dédiée ta série de toiles baptisée Cowboys & Angels, peux-tu en parler ?

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Troisième toile de la série dédiée à Madonna, réalisée en 2007

J’ai peint Madonna pendant des années, faisant d’elle l’unique protagoniste de mes travaux. Je pense que c’est une grande artiste, qui représente le parfait être humain de notre ère. Talentueuse, belle, notamment de par un corps superbe, riche, couronnée de succès. Tout ce qu’elle touche se transforme en or. Comme si elle était capable de tout faire. Si vous lisiez dans les journaux que Madonna allait s’envoler sur la lune, vous le croiriez, puisqu’elle est capable de faire tout ce qu’elle souhaite. Ainsi, elle était la parfaite personne pour apparaître dans mes peintures et comme les gens la reconnaissaient, ils étaient réceptifs à mes toiles, car il est crédible qu’elle fasse toutes les choses auxquelles elle s’y adonne. 

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Septième toile de Cowboys & Angels, réalisée en 2006

Dans ma série Cowboys & Angels, je l’ai représentée dans la peau d’anges et de cowgirls, devant une nature typiquement américaine. Mon travail est influencé par la culture pop ainsi que celle des jeunes, la télévision, YouTube, les magazines de mode, les tabloïds… Une partie des anges représentés dans mon travail ont été inspirés par les défilés Victoria's Secret, notamment par les parties où les mannequins apparaissent en sous-vêtements, affublés de grandes ailes d’ange.

Comme suggéré plus tôt, la sphère du show-business et d’Hollywood semble faire office de véritable signature dans ton œuvre, de nouveau, en quoi cela suscite une telle inspiration chez toi et pourquoi ?

Je crois que le show-business, en particulier Hollywood, affecte beaucoup nos vies. Tellement de gens veulent devenir des stars, pensant que celles-ci ont tout. On les adore et nous sommes désireux de connaître ce qu’elles font dans leur vie privée. De nombreux secteurs industriels en font beaucoup d’argent, et je ne parle pas seulement du milieu cinématographique et de la presse people. Elles lancent des modes, les gens veulent s’offrir leur look, et ainsi de suite.

Party People (2011)

Party People, Maximilian Otte (2011)

Je représente des scènes hollywoodiennes sur le ton de l’humour, mais d’un autre côté, je dois avouer que je suis incapable de résister au charme du show-business.

Que penses-tu de la mouvance que prend le star-system actuellement, notamment servie par la fulgurante ascension d’Internet et de ses réseaux sociaux ? Les stars actuelles t’inspirent-elles autant que celles des précédentes décennies ? Y’en a-t-il certaines selon toi, qui marqueraient potentiellement les esprits ?

Andy Warhol a dit que dans le futur tout le monde sera célèbre l’espace d’un quart d’heure. La tendance actuelle va dans cette direction. Les gens deviennent célèbres non pas pour un talent spécifique, mais tout simplement parce qu’ils existent et paraissent intéressants en partageant des instants de leur vie. Je ne dis pas qu’ils ne travaillent pas dur pour s’attirer du succès, mais je n’ai pas réellement l’impression qu’ils aient un bagage artistique, un talent ou une beauté naturelle incroyable. Je ne suis pas certain que cette célébrité perdure.

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Kim Kardashian au Met Gala en mai dernier

D’un autre côté, c’est intéressant de voir comment l’Internet soutient nos besoins quand ils sont superficiels. En plus de cela, dans un monde où tout est si rapide et connecté, il est plus facile pour les personnes talentueuses de s’offrir une plate-forme, à l’instar des télé-crochets. Hélas, l’intérêt du public ne dure pas longtemps, comme s’il voulait être satisfait par quelque chose de nouveau tous les jours.

D’un point de vue davantage technique, on sent dans tes toiles une majeure influence Pop art, as-tu d’autres références que tu aimerais partager ? Quelles techniques aimes-tu utiliser dans la conception de tes toiles ?

Broadway (2010)

Broadway, Maximilian Otte (2010)

En effet, le Pop art m’influence beaucoup. Je dirais qu’il en est de même pour l’Art nouveau. J’aime la combinaison de la peinture avec des éléments graphiques. J’aime énormément les comics, souvent, je trouve d’ailleurs qu’ils sont mieux réalisés que certaines œuvres d’art.

Venice Beach Bash (2011)

Venice Beach Bash, Maximilian Otte (2011)

Thématiquement, je pense avoir été influencé par de nombreuses choses qui étaient populaires dans les années 80 puis 90, où j’ai grandi. J’entends par là toutes les séries TV, où l’on avait l’impression que n’importe qui pouvait s’offrir une Ferrari, un grand manoir, où toutes les femmes étaient sublimes, avec de longs cheveux et maquillées. Tout, était « cool ». C’était ridicule.

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Deux flics à Miami

Ainsi tous ces feuilletons, de Deux flics à Miami à Alerte à Malibu m’ont influencé, mais également MTV ainsi que les clips musicaux, les histoires qu’ils racontaient, les effets spéciaux, les images qui y étaient transportées… C’est très intéressant pour moi.

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Alerte à Malibu

Je veux que les choses soient folles et exagérées, comme dans un monde de comics, l’exagération est essentielle.

Sur le plan technique, c’est facile de répondre : tout est peint au pinceau. Sur toiles, je travaille à l’acrylique, sur papier avec un mélange d’aquarelle, de crayon, d’encre et d’acrylique.

Au cours de ta carrière, y-a-t-il un ou plusieurs projets dont le processus de création t’a particulièrement marqué ?

Habituellement, je commence à travailler sans savoir qu’elle sera le résultat final. Je travaille surtout en série, et au départ, je ne suis pas en mesure de dire dans quelle direction cela ira. Je visualise seulement la peinture sur laquelle je travaille dans l’instant, avant de l’entamer. Je ne réalise pas non plus d’esquisses avant de me lancer.

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En revanche, j’ai quelques projets qui ont été exposés dans des foires d’art, et pour lesquels j’ai dû réaliser des esquisses en premier lieu. Il s’agissait de peintures à grande échelle, dont l’une était large de presque dix mètres. Il m’a fallu six mois pour l’achever et cela a nécessité que je change ma manière de penser la réalisation de mon travail. Ce sont ces grandes toiles qui me fascinent le plus.

Ton travail le plus récent s’intitule Alice in Wonderland – Lost in Hollywood, qui met en vedette Pamela dans le rôle-titre et bien d’autres, peux-tu nous en toucher un mot ? Le choix des vedettes peintes a-t-il été entrepris comme le casting d’un film étant donné qu’il s’agit d’une adaptation du livre de Carroll ?  

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Lady Gaga et Miley Cyrus dans la trente-septième toile de Alice in Wonderland – Lost in Hollywood, peinte en 2016

Pour être honnête, j’ai pensé à une citation du chat du Cheshire dans le livre de Carroll, où il est dit que tout le monde y est fou. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser immédiatement au business autour des célébrités. Je pense que ce livre est génial et qu’il est plus qu’une histoire.

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Le portrait d'Hugh Hefner guettant Pamela Anderson dans la quinzième toile de la série

Ayant toujours peint des célébrités, Pamela Anderson fut mon premier choix, j’ai envie de dire, peut-on songer à une autre blonde dans un monde artificiel ? Quand j’ai visité Hollywood, j’ai eu l’impression que tout était en plastique (j’adore ça). Et j’ai trouvé amusant de rattacher sa carrière ainsi que sa vie à des éléments du livre, le lapin lui, s’avère être Hugh Hefner, Pamela alias Alice commence à grandir dans sa maison, qui est en fait le siège de Playboy.

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Julia Roberts dans la trentième toile de Alice in Wonderland – Lost in Hollywood, réalisée en 2016

En pensant au chat du Cheshire j’ai eu envie de peindre Julia Roberts puisque nous l’adorons tous pour son sourire. Lady Gaga incarne le Chapelier Fou, faisant la fête devant le panneau d’Hollywood, pendant qu’Angelina Jolie s’amuse elle avec la Chenille, et que Mariah Carey interprète elle, la Reine de cœur, sortant du Château Marmont. Alice quant à elle, ne trébuche jamais au cours de toutes ces scènes, perchée sur des talons (beaucoup trop) hauts et vêtue d’une mini-jupe, l’air un brin saoule. Je me suis d’ailleurs souvenu de photos de paparazzis montrant Pamela Anderson à la sortie de clubs, visiblement ivre et j’ai souhaité reprendre les expressions de ces clichés.

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À gauche : Angelina Jolie dans la vingt-et-unième toile de Alice in Wonderland – Lost in Hollywood / à droite : Mariah Carey dans la quarante-troisième toile de la même série

À travers ton propre regard d’auteur, comment décrirais-tu ton œuvre ainsi que ta démarche en tant qu’artiste ?

Quand il est question d’art, bien sûr, je sais ce dont j’ai envie et ai des objectifs, ainsi que l’esprit professionnel (si je peux dire ça comme ça), mais honnêtement, en fin de compte, c’est purement égoïste : je peins parce que cela me rend heureux. J’adore peindre, tout simplement. De ce fait, en premier lieu, je peins pour acquérir ce bonheur. Et je ne souhaite pas prendre l’art trop au sérieux, on devrait se sentir libre dans la vie, de faire des vannes et d’en rire.

Merci beaucoup !

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Propos recueillis par mail et traduits de l’anglais par Lewis

Retrouvez Maximilian Otte sur son site personnel ainsi que sur les réseaux sociaux :

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PS : C'est cadeau, l'hilarante scène de Pamela Anderson dans Scary Movie 3, aux côté de Jenny McCarthy, ex-consœur de Baywatch...

 

 

 

Lewis 

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Commentaires
V
magnifique art! Bonne continuation et bonne chance
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